»-. Les milliers de condamnés à vie qui peuplent Sakhaline n’ont qu’un espoir, la fuite. Bien que Sakhaline soit une 🏝️, le détroit qui la sépare du continent gèle entièrement pendant les mois d’hiver. Et l’eau qui, l’été, joue le rôle d’un mur, est, en hiver, plate et unie comme un champ. Tous ceux qui le désirent peuvent la traverser à pied, ou en se faisant traîner par des 🐕. Et, même en été, le détroit n’est pas sûr. À l’endroit le plus resserré, il n’a pas plus de six ou sept verstes de large, et par temps clair et calme il n’est pas difficile de faire, même dans une pauvre barque indigène, une étape de cent verstes. Les habitants de Sakkaline voient la côte du continent assez nettement. Cette ligne brumeuse de terre, ornée de beaux sommets montagneux, appelle et tente chaque jour le déporté, en lui promettant à la fois liberté et terre natale.

Avant tout, le déporté se sent poussé hors de Sakkaline par son amour passionné pour sa patrie. De Sakkaline, de sa terre, de ses habitants, de ses 🌲, de son climat, il parle avec un rire méprisant, avec dégoût et colère. Mais, en Russie, tout est beau et enivrant, la pensée la plus audacieuse ne peut pas admettre qu’il puisse y avoir en Russie des hommes malheureux, car y vivre quelque part, voir chaque jour des izbas, respirer l’air russe, c’est déjà la bonheur suprême. -. Donne-nous, mon Dieu, la misère, les maladies, la cécité et le déshonneur, mais permets-moi seulement de mourir à la 🏡 !- » Anton Tchekhov ( L’ 🏝️ de Sakkaline)
Triste histoire, beau tableau !
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