»-. La Rani était femme d’habitudes. Chaque soir, désormais, après son coucher, ses suivantes s’étant retirées, elle se relevait, se rhabillait, jetait sur sa tête un châle de paysanne et se glissait hors du Palais. Précautionneusement et silencieusement. Dehors, si d’aventure ses pas croisaient ceux d’un garde ou d’un serviteur, il la prenait, à la voir trottiner, pour une des filles que les militaires en garnison au fort recevaient en cachette. Elle avait alloué à Akbar deux pièces spacieuses. Akbar était un homme au goût sobre, il n’y avait dans son logis qu’un étroit matelas posé sur le sol, quelques coussins et un écritoire. La Rani trouvait fascinant ce cadre austère auquel elle n’était pas habituée.

Il lui faisait partager son plaisir de manger, elle se découvrait un appétit qu’elle n’aurait pas soupçonné. Comme les gens du peuple, il utilisait des feuilles de bananier en guise d’assiette. Il se gavait de raïta. Il rajoutait à chaque plat d’énormes cuillerée de ghee, dont il raffolait. Elle appréciait cette cuisine fruste qui contrastait avec le raffinement de sa table. Akbar l’avait aussi initiée aux spiritueux, il buvait en effet à étonner le plus endurci des troupiers. Elle aimait le taquiner. -. Tu m’as fait céder par surprise, Akbar Khan, la première fois où tu t’es jeté sur moi-. Tu mens, Reine… Tu aimais pourtant l’Anglais. Je me suis renseigné sur toi, vois-tu -. Avec Roger, j’ai connu la passion. Et la passion ne rend jamais heureux…- » Michel de Grèce (La femme sacrée)
Belle histoire, beaux regards !
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