Le Grand Vert

 »-. Elle ne dit rien, elle marche, l’air de la liberté, un rayon de ☀️ tintant sur un plateau de cuivre, sont choses à percevoir doucement, timidement, sans hâte ni intensité. Derrière le marché couvert, il y a un parc. Le parc de mon adolescence, où je faisais l’école buissonnière, de temps à autre. Mon refuge. Sycomores, palmiers, cèdres, pins, eucalyptus, ma mère est allée de l’un à l’autre, a embrassé tous les 🌲, à pleine bouche, leur a parlé, les a étreints. Et ils lui ont répondu, ont ri et pleuré avec elle. J’en jure par cet orchestre d’🐦 qui chantaient le brasillement du couchant dans les cimes, entre ciel et terre, dans le concert des senteurs de thym, de terre et d’euphorbe. Tant de verdure ! Tant de verdure d’un seul coup ! Et toute cette liberté !

30x30cm « Terre des hommes »

Nagib et moi nous nous étions assis sur un banc, les yeux attachés sur cette femme qui se déchaussait, se déplaçait sur la pelouse vers le petit ruisseau, là-bas, qui trillait ses notes de perles entre les mimosas et les bourraches. Ce fut là qu’elle s’assit sur le gazon, les pieds dans l’eau. Les 🐦 se sont tus, les 🌲 ont frissonné dans une longue étreinte. Nous sommes allés chercher ma mère. Nous l’avons aidée à se relever. Mais avant de le faire, elle a bu un peu d’eau du ruisseau, dans le creux de sa ✋. Nagib lui a remis un soulier, moi l’autre. Comme nous quittions le parc, les réverbères se sont soudain allumés le long de l’avenue, entre ciel et terre. Nous avons remarqué alors, sur la 👗 de ma mère, une tâche verte, imprimée par l’herbe où elle s’était assise. » Driss Chraïbi (La civilisation, ma mère !)

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