L’arbitre des élégances

 »-. Il faut toujours veiller à ce qu’un élément de sa parure ne serve à rien. Les femmes ont ce sens-là assez naturellement, les hommes, en revanche, se laissent davantage accabler par le conformisme et par les convenances. Ce que les hommes font de plus luxueux, c’est-à-dire de plus inutile, quand ils veulent être élégants, c’est de porter une cravate. Il n’y a rien de plus répugnant que cet appendice résiduel, qui n’en finit plus de se rétrécir, qui ne ressemble plus à rien, que tout le monde porte pour respecter des usages et qui n’a presque plus, tellement il est loin de son état premier, la moindre vertu esthétique.

Les cachemires les plus voluptueux peuvent apporter du plaisir, les soieries les plus belles peuvent être agréables, les vêtements les plus somptueux peuvent seoir à merveille. Si l’homme s’en tient à les arborer sans esprit, il sera toujours loin de ce que doit être une attitude luxueuse. Si l’homme ne met pas dans sa manière de se vêtir une intention différente de sa volonté de se faire reconnaître comme appartenant à un monde comme il faut, et s’il n’a pas d’autre propos que d’exhiber, pour la fierté qu’elle lui procure, une splendide garde-robe, il ne pourra jamais pénétrer les secrets de l’élégance, c’est à dire l’art de plaire. » Robert Colonna d’Istria (L’art du Luxe)

Le conseil de Robert, homme de luxe, arbitre des élégances.  »Car si l’on plaît avec son corps et si l’on doit plaire par ses vêtements, on plaît surtout par l’esprit que l’on sait y mettre. »