»-. Madame Hernandez, qui tenait un commerce minable de fruits talés et de légumes flétris au coin de la rue Sainte-Catherine et de la rue des Arcs-de-cercle, scrutait le ciel d’après-midi et s’irritait de le trouver rassurant, alors que ses vieilles jambes lui annonçaient la pluie. Elle hésitait à rentrer les sept ou huit cageots de son étal à l’abri de son magasin. Cette prudence, qui la tentait fort, supposait un peu d’exercice, mais lui permettrait ensuite de fermer les volets de son échoppe. Aussi bien, elle ne vendrait pratiquement plus rien d’ici à la tombée de la 🌃. Autant s’accorder quelques heures de congé, pendant lesquelles elle pourrait aller, un pâté de 🏡 plus loin, porter sur la tombe d’Anselmo le 💐de 🌺 qu’elle avait arraché à son grossiste ce matin.

De son vivant, elle avait beaucoup récriminé contre les mauvaises manies d’Anselmo. Il était paresseux, macho, menteur, violent, et consacrait à son coup de rouge biquotidien une trop grande part du bénéfice de la revente des 🥗 et des 🍅. Maintenant que ce tyran domestique ne régnait plus que sur un tumulus d’un mètre sur deux, au numéro 68, allée 23, au fond du cimetière des Rapas, Madame Hernandez se rendait volontiers auprès de son vieux compagnon, deux ou trois fois par semaine, pour le tenir au courant des affaires et lui faire comprendre qu’elle était son dernier rempart contre l’oubli. » Alain Gandy (Les corneilles de Toulonjac)
Belle histoire, joli coeur brisé !
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