Le caveau au Père-Lachaise

 »-. De derrière un autre caveau, il entendit des chuchotis et des rires féminins. La curiosité l’emporta sur la tristesse. Il se leva et avança doucement jusqu’à l’entrée de la 92eme division, cachée à l’angle d’un mausolée. Trois jeunes femmes encerclaient la statue grandeur nature d’un homme allongé. Elles étaient jolies, dans leurs longues 👗 fleuries, avec leurs chevelures ondulées. La statue était troublante de réalisme, comme si l’homme venait de tomber, abattu d’une balle, la redingote ouverte, son chapeau haut-de-forme abandonné près d’une ✋ gantée. Une des jeunes femmes était juchée sur la statue, de façon suggestive.

50x60cm  » Oh, femmes ! »

Le visage de l’homme, les yeux mi-clos, offrait un portrait saisissant de la mort. Violente, sans contexte. Victor Noir, né en 1848, tué en 1870. Tous les détails étaient rendus à la perfection, les revers du pardessus ouverts, le gilet, les chaussures. Le vert-de-gris mangeait toute la statue, mais la zone autour de l’aine avait été si souvent caressée qu’elle luisait d’un brun poli. Il y avait une protubérance sous le pantalon serré de Victor Noir, et le premier bouton de sa braguette était défait. Il apprit sur Internet que ce jeune journaliste avait été tué d’une balle par un membre de la famille Bonaparte. Mais la célébrité de Victor Noir devait encore plus au gisant sur sa tombe, contre lequel les femmes du monde entier venaient se frotter. Pour provoquer la chance, la fertilité, ou dans l’espoir de trouver un mari dans l’année. » Tatiana de Rosnay (À l’encre russe)

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