Minable hold-up

 »-. Paulo avait eu une rude journée. Non sur le plan physique. Levé à dix heures, sorti à onze, il s’était paisiblement promené jusqu’à son café habituel sur la place.  À peine cinq cents mètres de marche. Mais, au moral, il sentait abattu. Toute honte bue, il avait pleuré misère auprès de ce minable, un nommé Justin, qui sortait d’un séjour de quatre ans en prison. Ils étaient vite convenu qu’attaquer un petit commerçant du quartier, façon racket américain, quoique d’un faible rapport, serait sans danger. L’échoppe de fruits et légumes de la mère Hernandez paraissait la cible rêvée. Surprise à l’heure de la fermeture, la vieille serait suffisamment terrorisée pour ne pas oser porter plainte. La recette permettrait d’éponger pour deux ou trois jours les frais de boisson et de tabac.

Pourquoi donc fallut-il que leur victime fasse preuve d’autant de mauvais vouloir ? -. Sortez tout de suite !-. Madame Hernandez, vous n’avez pas intérêt à jouer au petit soldat. Vous pourriez vous retrouver à l’hôpital -. Voyou ! Ne me touche pas, je te connais et je sais où tu habites ! Je t’enverrai la police-. Cette idiote d’épicière venait de se condamner à mort. Il était tout contre cette folle qui ne voulait rien comprendre. Son odeur mêlée de sueur, de vieux linges négligés, de légumes douceâtres, lui fit oublier toute prudence. -. Ça va comme ça, elle a son compte. Prenons les sous et foutons le camp. Planquons-nous pendant quelques jours, des fois que la vieille ne soit pas tout à fait morte. Cio !- » Alain Gandy ( Les corneilles de Toulonjac)