»-. J’ai connu Suzanne Boussac ici, même, en 1952. Je venais de trouver, grâce à l’appui de la mairie, de quoi financer l’extension de l’aéroclub, qui se résumait alors à une vieille piste en herbe mal entretenue. Nous avions prévu de construire un hangar, et d’acheter un 🛩️ d’occasion, pour donner des baptêmes de l’air. Évidemment, tout ça attirait la jeunesse du village. Suzanne était une jolie fille, et elle n’était pas farouche. Elle a répondu assez vite à mes avances. Nous avons eu une année assez passionnée, nous nous retrouvions souvent, dans ce bureau, ou je l’emmenais dans mes déplacements. Elle était blonde, mince, gaie, portait bien la toilette. Bref, nous nous aimons sans calcul.

Jusqu’à jour où elle m’a avoué qu’elle était enceinte. Elle avait vingt-deux ans. J’aurais dû l’épouser, mais j’avoue avoir été lâche quand ma mère, qui vivait encore, m’a interdit cette mésalliance. Voyez-vous, le père Boussac était retraité des Chemins de fer, après quarante ans d’entretien des ballasts. Il vivait très maigrement dans une maisonnette à moitié en ruines, avec sa femme à peu près analphabète, ses deux filles, dont Suzanne était la cadette, et deux garçons qui se sont engagés depuis dans l’armée. Ma mère m’a représenté qu’un tel mariage, outre qu’il la mènerait à la tombe à force de chagrin, me fermerait toutes les portes de nos amis et des notabilités de la région. J’ai cédé, je m’en veux encore. -. Et Caretoux, dans tout ça ?-. Oh, Caretoux ! Il venait juste d’arriver, il a rencontré Suzanne. Toujours est-il que l’enfant a été déclaré sous le nom de Roger Caretoux – » Alain Gandy (Les corneilles de Toulonjac)
Quelle histoire ! Amusant portrait
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