»-. Elle enlevait ses vêtements avec la lenteur distraite d’une fille. D’abord sa coiffe de mousseline, puis sa 👗 élégante, ajustée à la mode des villes, qu’elle jeta au hasard sur une chaise. Ensuite son long corset de demoiselle, qui faisait causer les gens, par sa tournure parisienne. Alors sa taille, une fois libre, devint plus parfaite. N’étant plus comprimée, ni amincie par le bas, elle reprit ses lignes naturelles, qui étaient pleines et douces comme celles des statues en marbre. Ses mouvements en changeaient les aspects, et chacune de ses poses était exquise à regarder. La petite lampe, qui brûlait seule à cette heure avancée, éclairait avec un peu de mystère ses épaules et sa poitrine, sa forme admirable qu’aucun oeil n’avait jamais regardée et qui allait sans doute être perdue pour tous, puisque Yann ne la voulait pas pour lui…

Elle se savait jolie de figure, mais elle était bien inconsciente de la beauté de son corps. Du reste, dans cette région de la Bretagne, chez les filles des pêcheurs islandais, c’est presque de race, cette beauté -là. On ne la remarque plus guère, et même les moins sages d’entre elles, au lieu d’en faire parade, auraient une pudeur à la laisser voir. Non, ce sont les raffinées des villes qui attachent tant d’importance à ces choses, pour les mouler ou pour les PEINDRE. Et le sommeil étant venu tout de même, malgré l’amour et malgré l’envie de pleurer, elle se jeta brusquement dans son lit, en se cachant la figure dans la masse soyeuse de ses cheveux, qui était déployée à présent comme un voile. » Pierre Loti (Pêcheur d’Islande)
❤️❤️
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Beau portrait
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