Le vol des corneilles

 »-. Ne tourne pas à la première villa, suis plutôt le chemin qui borde l’arrière des jardins -. Chacune des trois 🏡 offrait une façade de crépi beige, représentante d’un mauvais goût qui ignorait superbement le style local traditionnel. Le moteur ronronnait trop fort, les freins grincèrent bruyamment,. De quoi troubler la paix silencieuse de cet après-midi de juillet. Juste de quoi faire lever un tumulte de démons noirs, une centaine de corneilles qui jaillirent du bûcher à grands battements d’ailes. -. Enferme-toi dans la voiture avec les enfants !-. Il claqua la portière et se défendit, à violents moulinets de canne, des piqués menaçants des 🐦, au-dessus de sa tête. Après quelques voltes, les corneilles prirent de la hauteur et organisèrent la surveillance, cacophonie grinçante de guerrières énervées.

Il tourna le dos et entrepris de clopiner jusqu’au tas de bois de Caretoux. Il était furieux. Contre les corneilles, et contre ce qu’il était sûr de découvrir au milieu des bûches. Après s’être penché, deux minutes à peine, sur les restes du festin, il retourna sur le sentier. -. La fête est finie. Rentre à la 🏡 avec les enfants. Si tu trouves un bistrot ouvert en route, téléphone de ma part à la brigade -. Pour leur dire quoi ?-. Qu’il y a un cadavre dans ce jardin. Et qu’à voir l’état dans lequel il est, c’est celui que nous étions venus chercher, le gendarme Berthier et moi, il y a plus de trois semaines -. » Alain Gandy (Les corneilles de Toulonjac)