Ode à Martin Luther King

 »-. C’était donc le quatre avril mil cent soixante huit. Un soir de printemps dans un quartier gris, un quartier malodorant de boue d’éboueurs. Où jouaient au printemps les enfants dans les rues. Fleurissait le printemps dans les cours sombres. Jouaient le bleu murmure des ruisseaux, le chant des rossignols dans la 🌃 des ghettos des ❤️.

Martin Luther King les avait choisis, le motel, le quartier, les ordures, les éboueurs, avec les yeux du ❤️ en ces jours de printemps, ces jours de passion où la boue de la chair serait glorifiée dans la lumière du Christ. C’était le soir, quand la lumière est plus claire et l’air plus doux. L’avant-soir à l’heure du ❤️, de ses floraisons en confidences bouche à bouche, et de l’orgue, et du chant, et de l’encens. Sur le balcon de vermeil où l’air est plus limpide, Martin Luther, debout, dit, du pasteur au pasteur. -. Mon frère, n’oublie pas de louer le Christ dans sa résurrection, et que son nom soit clair chanté !-

Et voici qu’en face, dans une 🏡 de passe de profanation, de perdition, oui, dans le motel Lorraine -. Ah, Lorraine ah, Jeanne, la blanche, la bleue, que nos bouches te purifient, pareilles à l’encens qui monte, une mauvaise 🏡 de matous, de marlous, se tient debout un homme, et à la ✋ le fusil Remington. Martin Luther King regarde la mort du Christ. -. Mon frère, n’oublie pas de magnifier ce soir le Christ dans sa résurrection-… Touche Martin qui s’affaisse en avant, comme une 🌺odorante, qui tombe. -. Mon frère, chantez clair son nom, que nos os exultent dans la résurrection-. » Léopold Sedar Senghor (Oeuvre poétique )

!-.