Sa Majesté Liliuokalini, reine d’Hawaï

 »-. Ne croyez pas tout ce qu’on vous dit. Si vous aviez connu sa Majesté Liliuokalini, reine d’Hawaï… J’étais encore petite fille, à l’époque, c’était en 1892, la dernière année de son règne. Mon père avait décidé de tenter l’aventure de la Pacific Ocean Transport, il avait ouvert des bureaux dans l’île d’Oahu, et avait fait construire une 🏡, qui est toujours notre résidence, sur la pointe rocheuse, la corniche qui marque l’entrée de la baie d’Honolulu… C’est un endroit au calme, à l’abri de tout. La reine nous a reçus dans le Palais Iolani qui surplombe Honolulu, une grande bâtisse discrète et élégante comme un 🍰 d’anniversaire.

À l’intérieur, dans les grandes salles désertes, des statues de guerriers polynésiens me faisaient peur, comme Liliuokalini. Elle était assise sur son trône, un fauteuil juché sur une petite estrade de marbre, et d’une largeur impressionnante… Ce qu’il fallait pour accueillir les formes avantageuses de Sa Majesté. Pour dire la vérité, elle était repoussante, Liliuokalini. De la lignée royale, elle avait hérité l’obésité, le nez fort et les cheveux hirsutes-. Portrait flatteur -. Sous prétexte que j’étais une petite fille, elle s’est mise dans l’idée de me cajoler, me faire des caresses. Elle m’a même prise sur ses genoux. C’était affreux. Elle puait le whisky-. Encore la tradition royale -. Sans doute -. » André Le Gal (Le Shanghai)