»-. Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte, trop bas pour leurs tailles, s’effilait par un bout, comme l’intérieur d’une grande mouette vidée. Il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil. Dehors, ce devait être la mer et la 🌃, mais on n’en savait trop rien. Une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c’était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant. Il y avait du 🔥 dans un fourneau, leurs vêtements mouillés séchaient, en répandant de la vapeur qui se mêlait aux fumées de leurs pipes de terre.

Leur table massive occupait toute la demeure, elle en prenait très exactement la forme, et il restait juste de quoi se couler autour pour s’asseoir sur des caissons étroits scellés aux murailles de chêne. De grosses poutres passaient au-dessus d’eux, presque à toucher leurs têtes. Et, derrière leur dos, des couchettes qui semblaient creusées dans l’épaisseur de la charpente s’ouvraient comme les niches d’un caveau pour mettre les morts. Toutes ces boiseries étaient grossières et frustes, imprégnées d’humidité et de sel, usées, polies par les frottements de leurs ✋… Ils avaient bu, dans leurs écuelles, du vin et du cidre, aussi la joie de vivre éclairait leurs figures, qui étaient franches et braves. Maintenant, ils restaient attablés et devisaient, en breton, sur des questions de femmes et de mariage. Tout près les uns des autres, faute d’espace, ils paraissaient éprouver un vrai bien-être, ainsi tapis dans leur gîte obscur. » Pierre Loti (Pêcheur d’Islande)
Une vie un peu triste. Drôle de maison 🏡
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