»-. Je n’aime pas voir un déporté, debout près de la fenêtre, regarder en silence le toit de la 🏡 voisine. À quoi pense-t-il à ce moment-là ? Je n’aime pas qu’il me parle de futilités et me regarde pendant ce temps, avec une expression qui semble dire . – Toi, tu vas rentrer chez toi. Mais moi, jamais !-. Je n’aime pas cela, parce qu’à ce moment-là, je ressens pour lui une infinité pitié. L’affirmation fréquemment employée que la peine de mort n’est plus pratiquée que dans des cas tout à fait exceptionnels n’est pas entièrement exacte.


Toutes les mesures punitives qui sont venues remplacer la peine de mort présentent la même caractéristique essentielle, à savoir la notion de perpétuité, d’éternité. Et elles ont toutes le même but, hérité de la peine de mort, à savoir l’éloignement pour toujours du criminel, son exclusion définitive de tout milieu humain normal. Et L’homme coupable d’un crime meurt pour la société dans laquelle il est né et a grandi, exactement de la même manière qu’à l’époque de la peine de mort… Je suis profondément convaincu que dans cinquante ou cent ans, on regardera nos châtiments à perpétuité avec autant d’étonnement et de gêne que nous en éprouvons aujourd’hui en évoquant le fait de déchirer une narine ou de couper un doigt de la ✋ gauche.


Mais, pour pouvoir remplacer cette perpétuité du châtiment par quelque chose de plus rationnel et conforme à la justice, nous manquons encore de connaissances, d’expériences, et par suite, de courage. Il n’y a qu’à regarder notre littérature concernant les prisons et le bagne, quel néant ! Notre intelligentzia pensante répète la phrase toute faite que tout criminel est un produit de la société, mais à quel point elle reste indifférente à ce produit ! » Anton Tchekhov (L’île de Sakkaline )


Beau texte et beau choix de tableaux pour l’illustrer
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