»-. Trois jours aprĂšs cette đ fatale, Ă neuf heures du matin, Hermann pĂ©nĂ©trait dans le couvent, oĂč l’on devait rendre les derniers devoirs Ă la dĂ©pouille mortelle de la vieille comtesse. Il n’avait pas de remords, et cependant il ne pouvait se dissimuler qu’il Ă©tait l’assassin de cette pauvre femme. N’ayant que peu de foi, il avait beaucoup de superstition. PersuadĂ© que la comtesse, morte, pouvait exercer une maligne influence sur sa vie, il s’Ă©tait imaginĂ© qu’il apaiserait son Ăąme en assistant Ă ses funĂ©railles. L’Ă©glise Ă©tait pleine de monde, et il eut beaucoup de peine Ă trouver place. Autour du catafalque, la famille Ă©tait rĂ©unie, les domestiques en cafetan noir avec un noeud de đ armoiriĂ©s sur l’Ă©paule, un cierge Ă la â. Les parents en grand deuil, enfants, petits-enfants, arriĂšre-petits-enfants, personne ne pleurait.

Les larmes eussent passĂ© pour un Ă©talage excessif de sentiments. La comtesse Ă©tait si vieille que sa mort ne pouvait surprendre personne, et l’on s’Ă©tait accoutumĂ© depuis longtemps Ă la regarder comme dĂ©jĂ hors de ce monde. Un jeune prĂ©lat prononça l’oraison funĂšbre. -. L’ange de la mort l’a enlevĂ©e au milieu de l’allĂ©gresse de ses pieuses mĂ©ditations, et dans l’attente du fiancĂ© de la đ-. Toute la journĂ©e, Hermann fut en proie Ă un malaise extraordinaire. Il Ă©tait assis sur son lit et pensait Ă l’enterrement de la vieille comtesse. Quelqu’un entrait, et Hermann reconnut le đ» de la comtesse. -. Je viens Ă toi contre ma volontĂ©. Pendant toute ta vie, tu ne joueras plus. Je te pardonne ma mort, pourvu que tu Ă©pouses ma demoiselle de compagnie, Lisabeta Ivanovna-. » Alexandre Pouchkine (La dame de Pique)
Une histoire étrange. Amusant portrait
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