La dernière lettre

 »-. Puis, soudain, ouvrant un autre tiroir, je me retrouvai en face de mes souvenirs d’amour, une bottine de bal, un mouchoir déchiré, une jarretière même, des cheveux et des 🌺 desséchées. Alors, les doux romans de ma vie, dont les héroïnes encore vivantes ont aujourd’hui des cheveux tout blancs, m’ont plongé dans l’amère mélancolie des choses à jamais finies. Oh ! Les fronts jeunes où frisent les cheveux dorés, la caresse des ✋, le regard qui parle, les ❤️qui battent, ce sourire qui promet les lèvres, les 💋qui promettent l’étreinte.. Et le premier baiser, ce baiser sans fin qui fait se fermer les yeux, ce qui anéantit toute pensée dans l’incommensurable bonheur de la possession prochaine.

Prenant à pleines ✋ ces vieux gages de tendresses lointaines, je les couvris de caresses furieuses. Et dans mon âme ravagée par les souvenirs, je revoyais chacune à l’heure de l’abandon, et je souffrais un supplice plus cruel que toutes les tortures imaginées par toutes les fables de l’ Enfer. Une dernière lettre restait. Elle était de moi. Et dictée cinquante ans auparavant par mon professeur d’écriture. -. Ma petite maman chérie, j’ai aujourd’hui sept ans, c’est l’âge de raison. J’en profite pour te remercier de m’avoir donné le jour, ton petit garçon qui t’adore-. C’était fini, j’arrivais à la source, et brusquement me retournais pour envisager le reste de mes jours. Je vis la vieillesse hideuse et solitaire, et personne autour de moi. Le revolver est là, sur la table… Je l’arme… Ne relisez jamais vos vieilles lettres. » Guy de Maupassant (Suicides)