Le carnaval de Rio

 »-. Avez-vous jamais débarqué à Rio de Janeiro ? C’est un spectacle éclatant. La baie, en ce temps -là, n’était pas encore barrée par le grand pont. Les plages de Flamengo, de Botafogo, de Copacabana voyaient à peine surgir quelques-uns de ces gratte-ciels qui ont tout envahi. Ipanema ne comptait qu’un petit nombre de 🏡, dont le célèbre Country Club où nous allions presque tous les soirs manger des camaroes et une feijoada et surtout boire nos batidas. Le Pain de Sucre dominait un des paysages les plus impressionnants du monde. Avant le coucher du ☀️, nous montions souvent voir les derniers 🔥 du jour sur la baie.

Nous avions eu la chance d’arriver pour le carnaval. Pandora, vous pensez bien, s’en donna à ❤️ joie. Elle avait déniché une école de samba et elle n’en décollait plus. Elle dansa trois 🌃 de suite, dans les rues, avec des négresses qui l’avait adoptée. Elle chanta les chansons du carnaval brésilien, dont quelques -unes sont devenues célèbres jusque chez nous. Je me souviens d’un tourbillon de couleurs et de sons, de toute une foule exaltée, d’une marée humaine en délire qui ondulait lentement autour de chars fleuris frénétiquement acclamés, de tableaux vivants, tirés, dans la fantaisie la plus débridée, de la mythologie ou de l’histoire. Et de Pandora, portée en triomphe par des nègres ivres morts. Je suivais tant bien que mal, agitant un de ces lance-parfums chargés de répandre dans toute la ville une odeur persistante d’éther, qui contribuait presque autant que l’alcool à enivrer les danseurs. » Jean d’Ormesson (Le bonheur à San Miniato)