L’épidémie de choléra

 »-. Je n’ai pas le temps d’écrire. La littérature est abandonnée depuis longtemps, et je suis nu et misérable, ayant trouvé plus convenable pour moi, et pour la sauvegarde de mon indépendance, de renoncer au traitement que touchent les médecins de district. Je m’ennuie, mais, quand on observe le choléra à vol d’🐦, on trouve pas mal de choses intéressantes… Plus de bon que de mauvais, et, sous ce rapport, il est très différent de la famine que nous avions connue cet hiver. Maintenant tout le monde travaille, travaille férocement. À la foire de Nijni-Novgorod, on fait des miracles qui peuvent obliger Tolstoï lui-même à respecter la médecine et l’intervention des hommes cultivés dans la vie quotidienne. On dirait que le choléra a été pris au lasso !

L’intelligentsia travaille dur, n’épargne ni sa santé ni son 💰. Je la vois tous les jours, et m’attendris… À Nijni-Novgorod, les médecins et les hommes cultivés en général ont fait des miracles. J’étais éperdu d’enthousiasme en lisant cela. Dans le bon vieux temps, quand des milliers d’hommes tombaient malades et mouraient, on ne pouvait même pas rêver aux extraordinaires victoires qui s’accomplissent maintenant sous nos yeux. Quel dommage que vous ne soyiez pas médecin, et que vous ne puissiez partager ma joie. D’août au 10 octobre, j’ai inscrit sur mes fiches cinq cents malades, en tout j’ai dû en examiner plus de mille… Cet été, la vie a été dure, mais il me semble maintenant que je n’ai jamais eu un aussi bon été que celui-là. Malgré le choléra et l’absence d’argent qui m’a tenaillé jusqu’à l’automne, j’avais plaisir et envie de vivre. Et combien d’🌲 j’ai plantés ! Melikkovov est devenu méconnaissable, et me paraît maintenant étonnamment confortable et beau. » Anton Tchekhov (Correspondance)