Abyssale ignorance en matière d’art… et d’écriture

Saviez-vous que Pablo, avant de devenir Picasso, étudia fort sagement l’art en compagnie de son père, professeur de dessin, et obtint plusieurs prix académiques ? Mes élèves l’ignorent, ce qui ne les empêchent pas de critiquer son talent. Que Vincent Van Gogh, tout au contraire, était piètre dessinateur, mais quel coloriste ! Mes élèves aussi l’ignorent, mais savent pertinemment qu’il n’a vendu qu’un seul tableau de son vivant, ce qui nous laisse une bonne marge pour espérer un jour figurer sur les cimaises d’un musée. Que l’italien baroque Le Caravage, à la technique si particulière du clair-obscur, admirée depuis des siècles mais jamais égalée, était très rapide dans l’exécution de ses tableaux ? Hélas, mes élèves ne s’intéressent pas au Caravage, en connaissent-ils seulement le nom…

Savez-vous que la peinture acrylique n’est utilisée par les artistes que depuis quelques décennies, et que l’on a guère de recul quant à sa stabilité dans le temps ? Que la peinture à l’huile, elle-aussi, se détériore et se délite au fil des siècles ? Ce ne sont là que des détails subtils, mais qu’il est bon toutefois de connaître, ne serait-ce que pour maîtriser quelques sujets de conversation lors des vernissages mondains… Allons, je plaisante… un peu seulement. Posséder dans son petit bagage ne serait-ce que quelques rudiments d’histoire de l’art ou d’histoire tout court ne nuirait certes pas en notre époque d’inculture généralisée… Nos illustres prédécesseurs, tous nos grands maîtres, sont passés par diverses étapes, la découverte de la perspective, celle de la peinture à l’huile, le glissement progressif des sujets religieux vers des sujets plus profanes, la peinture sur le motif avec les impressionnistes, etc, voilà qui est passionnant, pour moi tout du moins. Voilà aussi qui aide à être éclectique, varié dans ses styles, ses choix, ses thèmes, ses techniques, ses à priori.

Mon conseil. L’abyssale ignorance est partout, et pas seulement en matière d’art. Le correcteur d’orthographe de mon application me signale une faute sur le mot abyssal. Non, à ma connaissance ! Je suis apparemment plus savante, ou moins ignorante que lui, je persiste, et je signe. L’ignorance, dans tous les domaines et surtout celui de l’écriture, est elle aussi abyssale ! Ouvrons nos dictionnaires, relisons nos copies !