»-. Il sortait de quatriĂšme, au lycĂ©e de Dijon. Il avait eu le premier prix de latin, le deuxiĂšme prix de grec, le premier prix de français, le premier prix d’histoire. Du coup, ses parents s’Ă©taient saignĂ©s aux quatre veines pour l’envoyer Ă Paris. Au lycĂ©e Louis-le-Grand, s’il vous plaĂźt. L’un des meilleurs de capitale, et peut-ĂȘtre le meilleur. Le pĂšre de JĂ©rĂŽme Ă©tait postier Ă Dijon. Il avait fait exprĂšs le voyage de Paris avec son fils, et ils Ă©taient allĂ©s en train, tous les deux, rendre visite au proviseur de Louis-le-Grand. C’Ă©tait une entreprise assez intimidante. Quand il avait vu les notes de JĂ©rĂŽme, le proviseur avait hochĂ© la tĂȘte. -. Je crois que ça ira-. Monsieur le Proviseur leur demanda si JĂ©rĂŽme serait interne ou externe.

-. Je ne sais pas -. Connaissez-vous quelqu’un Ă Paris, qui pourrait l’accueillir ?-. Il y a bien la tante Germaine -. OĂč habite-t-elle ?-. Ă La Varenne Saint Hilaire -. C’est bien loin, il pourrait loger ici, ce serait plus commode pour lui-. C’est ainsi que se dĂ©cida, en quelques mots trĂšs brefs, le sort de JĂ©rĂŽme, qui n’avait pas douze ans et qui eut un peu de mal Ă Ă©touffer ses larmes devant la perspective de quitter Dijon, son papa, sa maman, sa grande sĆur Catherine, sa petite sĆur Huguette, pour cette immense bĂątisse qui ressemblait Ă une caserne. Le proviseur n’Ă©tait pas un mĂ©chant homme. -. Tu sais, nous ne sommes plus Ă l’Ă©poque oĂč les internes du lycĂ©e Ă©taient rĂ©veillĂ©s Ă cinq heures du matin par des roulements de đ„-. » Jean d’Ormesson (Le bonheur Ă San Miniato)
Belle histoire et joli tableau đŒ
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