»-. Maggy, dans la tourmente, avait retrouvé son énergie du temps passé, la vitalité que l’âge et l’aisance financière avaient fini par émousser. Elle avait décidé d’accueillir, dans les velours de son établissement, les familles de sans-abri. Les pensionnaires avaient été regroupées au salon du rez-de-chaussée, dans une promiscuité piaillante et ponctuée d’éclats de rire, comme dans le dortoir d’un pensionnat inhabituel. Tandis que les couples et leurs enfants étaient venus s’installer dans les chambres des étages. Ils avaient été quelque peu éberlués, les San Franciscains puritains et méritants, en pénétrant dans les alcôves de Maggy.

Les lits profonds de soie cramoisie, les lourdes tentures à franges dorées, les poufs de satin, les miroirs curieusement disposés sur les murs les avaient laissé interdits. Ils avaient accepté leur destin avec philosophie, seule une femme entre deux âges, vêtue d’une 👗 noire et austère, avait pris la mouche. Tout était rentré dans l’ordre… San Francisco était devenu ainsi un endroit étrange où, à Market Street, des milliers de malheureux prenaient leurs repas dans de gigantesques soupes populaires dont les tables, interminables, étaient dressées dans les ruines même des restaurants luxueux. Et où les familles de protestants rigoureux s’endormaient au grand complet dans des lits de prostituées. » André Le Gal (Le Shanghaïe)
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Oh comment j’adore les couleurs. 😩 Fantastique.
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Drôle d’histoire. Joli lit
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