»-. Jessica Lee habite dans Columbus Street ?-. Vous avez bonne mémoire. C’est vrai que nous avons passé notre enfance à Nanab Hill, je ne peux nier que c’était un quartier aisé. Son père était avocat et devait sa fortune aux langues étrangères, l’allemand et l’italien, qu’il parlait couramment, pour un avocat à San Francisco il y a trente ans, c’était un gage de réussite…-. Je suppose que sa fille a appris le chinois !-.. Chinatown, c’est plus qu’une ville dans la ville. C’est un monde à part, avec ses rites, ses lois et ses tribunaux, et sans doute ses avocats… Jessica Lee a rencontré un italien, très brun, très sombre, très beau. Elle l’a suivi. Depuis, elle tient un petit restaurant, dans Columbus Street. J’irais la voir dans l’après-midi, après le service du déjeuner. Dès qu’elle a fini de faire ses comptes, elle se met à la vaisselle. Ça m’occupe jusqu’au repas du soir, je lui donne un coup de ✋, et on papote ensemble-.

L’amour fait faire bien des choses !- C’est beaucoup plus que ça. Elle m’a expliqué, un jour, qu’elle avait le sentiment de construire quelque chose. Dans cette ville, rien n’est acquis. Tout est possible. On y vient parce qu’on fuit la misère, et ce n’est pas rare qu’on y trouve la fortune. Croire au miracle, à San Francisco, c’est la meilleure façon d’être raisonnable… Vivre de l’argent de son père, pour Jessica Lee, ce serait vivre dans un autre siècle. Le monde se bâtit, et elle ne veut pas que ce soit sans elle-. » André Le Gal (Le Shanghaïe)
Belle histoire un tableau 🖼 original
J’aimeAimé par 1 personne