»-. Le ⛵ La Martinière doubla le cap Falcon à la tombée de la 🌃. On voyait briller les 🔥 des îles Habibas. Je connais très bien la côte algérienne. Je savais que ces Îles se trouvaient à courte distance de l’ Oranie, qu’il existait des madragues pour le thon, des pêcheurs de sardines. Mais je me souviens surtout que le littoral en cette région était celui de la Méditerranée occidentale le plus proche du Sahara, ou tout au moins des steppes. À peine cent kilomètres en latitude et l’on se trouve dans la zone de l’Alfa, semi-désertique, peuplée de tribus nomades. Lorsque le transport dépassa le 🔥 des îles, ma résolution était prise. J’allais sauter à la mer, j’allais lutter une dernière fois, non pour vivre, mais pour du moins mériter ma mort.

Mon procès, mon séjour en prison m’avaient physiquement déprimé, mais le régime austère auquel je m’astreignais depuis de longues années faisait que la carcasse était encore bonne. J’attendis que l’obscurité fût complète. Bientôt, mes gardiens allaient venir, il me faudrait subir de nouveau l’horreur des cages grillagées, où nous étions entassés comme des bêtes fauves, dans les relents fétides de la cale… Tout, plutôt que cela ! Je pris mon élan. Je sautai pieds joints, le corps en boule, le plus loin possible pour éviter les remous de l’hélice. La houle était forte, je fus immédiatement happé, enveloppé par les forces inconnues de la mer. Désormais, je n’étais plus qu’une épave dérivant au gré des courants. Je craignis qu’on ne mit une embarcation à la mer. Heureusement, la chose était impossible. Je vis bientôt avec satisfaction que La Martinière continuait sa route. » Roger Frison-Roche (La Montagne aux Écritures)
Excellent auteur qui savait entraîner un lecteur dans une aventure… Wouah !
J’aimeAimé par 1 personne
Une histoire impressionnante. Joli tableau 🖼
J’aimeAimé par 2 personnes