J’écris des romans policiers

 »-. Ce matin-là, j’étais rentré chez moi sans ouvrir le journal. J’avais perdu l’habitude de consulter la presse au lendemain de la guerre, tout ce que j’y pouvais lire me paraissait tellement vide de sens après le drame des cinq dernières années. Le jour où j’avais pris la décision de me transformer en agent de renseignements, ce n’était pas par goût de l’héroïsme. Sur l’instant, j’avais été poussé par ce que je croyais être un sentiment de haine à l’encontre des salauds qui, Allemands ou Français, ramenaient l’Europe aux temps les plus sombres de la barbarie. Mais, très vite, j’avais dû me rendre à l’évidence. Ma motivation n’était pas la haine, mais la culpabilité.

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Je ne parvenais pas à m’ôter de l’esprit la pensée que j’étais responsable de la mort de trois de mes étudiants. Si je n’avais pas milité dans les pages du journal La Relève, ils seraient peut-être encore vivants. C’est à ce moment-là que j’ai renoncé à l’écriture que ma femme Solange qualifiait de noble. Si j’ai opté, ensuite, pour le roman policier, c’est que ce genre de littérature me permettait de ne pas m’impliquer personnellement. J’imaginais des meurtres inspirés de faits divers qui m’avaient marqué au temps où je lisais régulièrement la presse. Et j’en tirais des aventures où mon personnage, Simon Carlisle, copié sur les détectives privés américains, faisait triompher le bien au mépris de sa propre sécurité. Simon était un être aussi désabusé que moi. » Paul Couturiau (L’inconnue de Saïgon)

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