Gammes sous le ☀️ d’Ibiza

 ». Amos travaillait à sa table, au milieu de feuilles de papier blanc. À petits coups de stylo à bille bleu, vert ou rouge, il composait des dessins pointillistes où se retrouvaient certaines de ses formes préférées, la flamme ou le cyprès, le ☀️, les ☁️. -. Je fais mes gammes, c’était en t’attendant. Mais je n’aime pas passer une journée sans toucher un 🖍️ou un 🖌️. Sinon, j’ai l’impression d’être perdu -. Qu’est-ce que je devrais dire, moi qui n’ai pas écrit vraiment depuis… Je ne sais même plus ! Cinq ans, peut-être, tu te rends compte, cinq ans ! Je me demande quelquefois si je saurais encore -. Tu as bien écrit des articles ?-. Des centaines et des centaines de pages, oui ! Des masses, à faire rêver la midinette. Là-dedans, moi, zéro, paumé, enfoui, étouffé. Tu me diras que le temps vécu n’est pas du temps perdu, mais c’est du temps passé, irrévocablement passé. Vraiment, j’ai peur, quelquefois -. Qu’est-ce qui t’empêche ?-. Tout-.

Tout. Le manque de temps, le travail, et surtout l’inconfort moral dans lequel je vis. Il faut la Paix pour PEINDRE ou écrire, tu ne crois pas ? À retourner la situation sur toutes ses faces, j’en reviens toujours à ce mot-là, la paix. -. Es-tu sûr de la trouver, ailleurs ?-. Une cigale caquetait de l’autre côté de la porte, dans la fournaise de deux heures. Son chant métallique était si présent qu’on avait envie de la saisir, comme on aurait fait d’un criquet d’enfant. Amos avait recommencé à crayonner. Simon regardait une toile en chantier, où, entre deux ☁️, la lumière éclatait. -. Tu en auras beaucoup à rapporter à Paris ?-. Une bonne douzaine…- » Jacques Peuchmaurd (Le ☀️ de Palicorna)