Vie et Mort sur le Nil

 »-. Pendant la guerre de 1914-1918, le tourisme sur le Nil s’est effondré. Mais, des le début des années 20 les affaires reprennent. D’autant que la mode égyptienne ne fléchit pas, l’Égypte offre toujours alibi culturel de premier ordre pour aller passer ses vacances au ☀️. On n’emmène plus vingt domestiques avec soi, et les malles sont moins lourdes. Le tourisme moderne montre le bout de son nez. Winston Churchill fait de l’aquarelle sur les terrasses de l’hôtel Cataract. Et une jeune Anglaise navigue sur le Nil avec son archéologue de mari. Agatha Christie s’inspirera de ses croisières pour écrire Mort sur le Nil. Les photos du temps montrent des chapeaux cloches et des smokings blancs, des drinks et des guêtres. Des fume-cigarettes, tout un monde Chic-Choc qui fait penser aux grands transatlantiques.

Et c’est vrai que voyager sur le Nil, c’est d’abord faire une croisière, s’offrir une parenthèse d’insouciance et de luxe, bercé par le rythme des aubes qui caressent les flots du grand fleuve. Après tout, on peut se croire en Angleterre. Non, on est en Angleterre… On peut toujours voyager sur un ⛵ de Cook et rêver en regardant les rives alanguies du Nil. Il reste un témoin, un seul, de la grande époque. Un ⛵ à vapeur habillé de teck et de cuivre qui glisse le long des papyrus. Avec un bar qui semble un club anglais où l’on attendrait, le soir venu, le 👻 de Lord Kitchener ou de Madame Agatha Christie. À moins que… le premier soir où je me suis installé, pour déguster un single malt, est entré un voyageur qui m’a salué avec déférence, et un accent bruxellois à couper au 🔪. Et j’ai cru, vraiment, qu’Hercule Poirot était revenu… » Raymond Chabaud ( L’Esprit Voyage)