Blanc, noir, et surtout… bleu

 »-. Au nord-ouest du Pérou, la bien nommée cordillère Blanche est séparée de sa consœur, la cordillère Noire, par un large couloir, le Callejon de Huaylas. Quand les traînes -rapières espagnols sont arrivés dans cette vallée, la bible sur le ♥️ et l’espingole à la ✋, ils ont été accueillis en libérateurs par les Huaylas, alors soumis aux Incas. Leur Roy, Guntar Guacho, alla même jusqu’à fourrer sa propre fille dans le lit de Pizarro pour qu’il en fasse sa concubine. Peut-on rêver amphytrion plus sympathique ? Si le malheureux souverain avait pu entrevoir l’espace d’un instant la somme d’abominations prêtes à s’abattre sur l’échine des populations indiennes, l’évangélisation à coups de mousquets, l’asservissement inhumain dans les boyaux de mine où l’on crève d’épuisement, le cortège des maladies importées par ces conquérants vérolés, il est probable qu’il eût été plus regardant sur la vertu de sa fille. Cinq cents ans plus tard, les descendants des reîtres ibériques ont troqué armure contre costume croisé, fument le cigare à Lima et n’ont toujours pas fini de harceler les Indiens des Andes. Jugez plutôt.

La campagne autour se donne volontiers des airs de Toscane avec ses villages coiffés de tuiles rouges, sa géométrie de labours et de champs ordonnés. L’oeil, pourtant, ne manque pas d’être accroché par de curieuses constructions bleues, qui semblent avoir essaimé sur toutes les collines. On s’interroge sur l’origine et la fonction de ces mystérieux cabanons, et bientôt tout s’éclaire. Deux aimables députés ayant à ♥️ l’hygiène de leurs concitoyens obtiennent une aide internationale pour faire construire des toilettes dans toute la province. On verse quelques larmes sur cette noble cause ainsi qu’une somme substantielle, chapeau bas pour cette salutaire entreprise de santé publique. Hélas, quelques années plus tard, l’opposition vient gâcher les réjouissances, chaque toilette a fort peu coûté. La différence a… été empochée par la société chargée de la construction, créée… au nom des épouses de nos bienveillants élus péruviens … » L’esprit voyage