»-. Le monastère était comme empalé sur une immense statue du Bouddha en méditation. Elle s’élève dans toute la hauteur du bâtiment, en traverse tous les étages. Dans ce puits d’ombre, elle est immobile, rayonnante. Une grotte de ténèbres pour sa lumière. Elle est assise, les yeux mi-clos, avec, sur ses lèvres, le célèbre sourire. Trois sanctuaires auxquels on accède presque en rampant s’ouvrent, chacun sur une partie vénérée. La tête, le nombril, et les pieds. Le plus vaste et le plus magnifiquement décoré est le sanctuaire de la tête.

Lama Lampu me fait tout voir, tout toucher, il s’est placé à ma gauche, autant pour me diriger que pour m’indiquer des livres vieux de plusieurs siècles, sur le siège réservé au dalaï-lama, sur des papiers de prières enduits de beurre rance, sur les multiples statues et incarnations du Bouddha. Je verrai tout, il n’y aura pas de rémission. Bien entendu, selon la règle, nous tournons autour du sanctuaire dans le sens des aiguilles d’une montre. Régulièrement, de la terrasse de la Solitude, je me fais conduire au sanctuaire du Nombril. Parfois, le monastère m’apparaît comme une blessure à la surface de la terre, un sacrifice qui s’élève. Au ♥️de la blessure, se trouve le trou d’ombre, le Bouddha rayonnant. On arrive par une série d’escaliers qui se brisent à angle droit, montent pour redescendre dans un petit vestibule d’où s’enfonce, abrupte, une volée de marches. On accède donc au sanctuaire par le plafond… On y plonge. Ce qui accentue l’idée de puits, de faille, de blessure. » Hughes de Montalembert (À perte de vue)
Belle histoire et beau tableau 🖼
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