Panacée

 »-. Il fait le tour de la pièce, toujours sans prononcer un seul mot, pour s’assurer que celle-ci ne possède pas d’entrée dérobée. Puis il se dirige de nouveau vers la porte sur la pointe des pieds, colle son oreille contre le bois, pour surprendre un éventuel espion. – Avez-vous entendu parler de Panacée ?-. Non-. Eh bien, apprenez que, dans la mythologie grecque, Asclépios, le dieu de la médecine, avait une fille du nom de Panacée, elle-même déesse des soins, qui possédait un remède capable de guérir toutes les maladies. Mais ne croyez surtout pas que cette préparation, connue dans le monde antique sous le nom de poudre de Panacée, ne soit qu’une légende. Bien au contraire. Il y a fort longtemps de cela, un apothicaire persan qui, après des années de recherche, en avait retrouvé la formule, devint très vite l’homme le plus riche de la terre.

Le Roy de Perse, à l’heure même où il allait être emporté par les fièvres qui ravageaient son royaume, avait appelé l’apothicaire à son chevet et fut aussitôt guéri par cette mystérieuse poudre. En échange, il offrit une grande partie de son trésor. Dès ce moment, l’histoire de la poudre de Panacée ne fut pas longue à se répandre sur tous les continents. On en parlait à la cour des rois de Chine, en Anatolie, à Babylone, puis en Égypte, où tous les plus grands médecins de Crocodilopolis, d’ Éléphantine et de la divine Thèbes se réunirent pour tenter d’en percer le secret. Mais nul ne dut recréer la précieuse préparation, et seuls les plus grands monarques du monde possédaient assez de richesses pour faire venir quelques sachets de Perse. Voilà pourquoi, depuis ce jour, ce remède, capable de guérir toutes les maladies, est secrètement connu sous le nom de poudre des rois. » Thierry Maugenest (La poudre des rois)