»-. Dès que j’eus l’âge de raison, je commençai une collection de clés. Cette collection, secrète puisque interdite, était logée sous une tommette de ma chambre, dans une cavité que j’avais creusée, et que j’agrandissais au fur et à mesure de mes trouvailles. La 🏡 était vaste, et les dépendances considérables. Je ne pouvais pas souffrir les portes fermées sur l’inconnu. Il me semblait toujours que, derrière celle-ci ou celle-là, je trouverais le bonheur, oublié, jeté dans un coin par des générations négligentes. De toutes les serrures, pas une ne résista. Du grenier à la cave, des écuries abandonnées aux remises à attelages poussiéreuses, des réserves à grain jusqu’aux chambres des journaliers, du garde-meubles aux grandes armoires du corridor, tout fut inspecté.

Mais, de ce bonheur que je recherchais, je ne trouvais que des témoignages éteints. Des reliques, des objets qui indiquaient son passage, mais j’arrivais trop tard. Il y avait un petit cadre noir avec une boucle de cheveux mitée, un portrait enfermé dans un médaillon en cristal, des lettres angoissées d’Australie, des ennuis d’argent, ça n’avait pas été la terre promise. D’autres lettres. Des éventails. Une malle de 👗 cousues de perles. Une selle de course en cuir fin. Un journal laissa échapper un dépliant de près d’un mètre de long sur le couronnement de la reine Victoria. De la même manière, je me mis, dès que j’eus l’âge de la liberté, à parcourir les terres et les mers, mes clés à la ✋, bien décidé à ce qu’aucun monde, aucun horizon ne me résiste. » Hughes de Montalembert (À perte de vue)
Une belle histoire. Jolies portes
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