»-. A l’approche de Chacas, des cavaliers Ă đ©de cuir font trotter leurs juments sur le sentier en retroussant au passage leurs đsur des gencives tachĂ©es de tabac. Comme tous les 15 aoĂ»t, on a sorti de l’Ă©glise la Mama Achu, patronne du village, pour lui faire faire le tour de la Plaza. Une fanfare aux cuivres Ă©tincelants escorte Ă petits pas la Vierge au teint de lys et deđč sous des façades aux aux balcons de bois aĂ©riens, sculptĂ©s Ă la façon des moucharabiehs. D’impudents morveux y dĂ©gustent sans retenue de petitsđŠ en pot et s’amusent Ă laisser couler de longues lippĂ©es de glace fondue sur les đ d’honorables vieilles dames venues au spectacle. BientĂŽt, toute la procession retourne Ă l’intĂ©rieur de l’Ă©glise, suivie d’une foule de fidĂšles soucieux de se faire bĂ©nir par le Padre Hugo.

Trois jeunes donzelles Ă talons vertigineux, sans doute venues de la cĂŽte Ă l’occasion des fĂȘtes, font chalouper leurs jeans moulants vers le choeur, oĂč le vieux curĂ©, entourĂ© de chĂ©rubins Ă boucles blondes, s’obstine encore Ă ignorer le langage Quechua et Ă conduire ses messes en castillan. Les campesinos n’y comprennent goutte, mais qu’importe. Ce n’est dĂ©jĂ pas si mal. Il y a encore moins de vingt ans, les offices Ă©taient tous en latin… Dehors, sur l’esplanade couverte d’une vilaine pelouse, un â retenu par des cordes attend, frĂ©missant et bave aux đ, le dĂ©but de la corrida sous un âïž implacable… » L’esprit voyage
Belle histoire et joli tableau đŒ
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