Ce qu’était, au physique, le bon docteur Heraclius

 »-. S’il est vrai, comme certains philosophes le prétendent, –qu’il y ait une harmonie parfaite entre le moral et le physique d’un homme, et qu’on puisse lire sur les lignes du visage les principaux traits du caractère-, le docteur Heraclius n’était pas fait pour donner un démenti à cette assertion. Il était petit, vif et nerveux. Il y avait en lui du rat, de la fouine et du basset, c’est-à-dire qu’il était de la famille des chercheurs, des rongeurs, des chasseurs et des infatigables. À le voir, on ne concevait pas que toutes les doctrines qu’il avait étudiées puissent entrer dans cette petite tête. Mais on s’imaginait bien plutôt qu’il devait, lui-même, pénétrer dans la science, et y vivre en la grignotant, comme un rat dans un gros livre.

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Ce qu’il avait surtout de singulier, c’était l’extraordinaire minceur de sa personne. On prétendait, peut-être non sans raison, qu’il avait dû être oublié, pendant plusieurs siècles, entre les feuillets d’un in-folio, à côté d’une 🥀 et d’une violette, car il était toujours très coquet et parfumé. Sa figure, surtout, était tellement en lame de rasoir que les branches de ses lunettes d’or, dépassant démesurément de ses tempes, faisaient assez l’effet d’une grande vergue sur le mât d’un navire. Il portait perruque, s’habillait avec soin, n’était jamais malade, aimait les bêtes, ne détestait pas les hommes et idolâtrait les brochettes de cailles. » Guy de Maupassant (Le docteur Heraclius Gloss)

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