»-. Les femmes crièrent -. Rentrez, fous que vous êtes !-. Mais un coup de vent ferma durement la porte sur elles. On ne vit plus là-bas, à travers les vitres de la fenêtre, qu’un visage, on ne savait de qui, qui faisait signe. -.Venez !-. L’orage tourna, et il fut emporté vers les fonds du Sud, et il se mit à rouler dans des échos lointains en écrasant des plaines maraîchères dont, d’un coup, fuma l’odeur des légumes. On le voyait s’en aller là-bas, loin. Il roula sur des collines et dans des bois de pins. Vint une odeur de résine. Enfin, il s’enfonça en bouillonnant dans une gorge au fin fond de la vallée. Il ne faisait qu’un bruit retentissant et léger comme le cours d’un char vide sur les chemins pierreux de la 🗻.

Le ☀️ était revenu. Le ciel était lavé et fleuri de petits ☁️ à couleur de pâquerettes. Les 🌲 soupirèrent. Les tuiles de la 🏡 gémirent. Une colombe roucoula. Le vent fit encore deux ou trois pas, puis s’étendit dans l’herbe, et ses longs membres silencieux couchèrent l’herbe. Et il resta là, sans forces et tout doré, tout de suite endormi, avec à peine la respiration paisible d’un beau travailleur qui se repose en souriant. La porte s’ouvrit. Les femmes sortirent de la 🏡. Le ☀️ luisait sur le visage mouillé des hommes. Ils avaient comme des arcs-en-ciel dans la barbe, les moustaches, les cheveux et le duvet des joues. -. Alors, les têtus ?-. Alors on a gagné !-. À quoi ça a servi ?-. À gagner-. Vous êtes mouillés -. Ça séchera -. Quelle idée. Et passionnés comme des boucs ! Regardez-moi ça !-. C’est la belle vie-. Elles avaient toutes des yeux magnifiques, un peu plus larges que d’habitude et pleins de couleurs car ils reflétaient le visage des hommes. » Jean Giono (Que ma joie demeure)
Belle histoire et beau tableau 🖼
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