Bienvenue en mon joli jardin… qui n’est pas mon jardin

 »-. À présent, l’odeur était envahissante. Cela venait du jardin, c’était cela. La porte de la cuisine était entrebâillée, et il pouvait apercevoir une mince portion de ce jardin qu’ils avaient tracé ensemble, Anne et lui. C’était un magnifique jardin, qui occupait tout l’emplacement de la cour arrière. Il provoquait la jalousie des voisins, à qui il montrait les résultats que l’on peut obtenir en saupoudrant d’insecticide, en rafraîchissant les racines, en contrôlant la composition du sol. Son cerveau se mua en un bloc de glace. Ses pensées se trouvèrent instantanément congelées. Il venait d’ouvrir la porte de la cuisine et regardait dehors… un jardin en pleine floraison dans lequel des plantes aux pétales de couleurs vives s’amoncelaient les unes sur les autres avec une exubérance telle que tout l’enclos n’était plus qu’une masse, violet, vert, vermillon.

Seulement… ce n’était pas son jardin. Ce n’était pas du tout son jardin. Les 🌹mousses, roses et jaunes, les immortelles, les cardinales grimpantes, les ageratums nains, qu’il avait mis en terre au mois de mai, avaient disparu. De même que les arbustes fruitiers et les jeunes sujets greffés qu’il avait taillés et vaporisés de jus de tabac au début de l’année. Dans ce nouveau jardin, il n’y avait pas une 🌺qui lui fut familière, pas une 🌺dont il connût le nom. Les 🌺 étaient si étincelantes qu’elles l’obligeaient à fermer les yeux et lui irritaient le fond de la gorge. » Franck Long ( Le gnome rouge)