»-. Au Nord du fleuve Ă©tait la steppe, au Sud, la đ». Le fleuve coule, immense, Ă la limite des deux mondes. Sa largeur est impressionnante et il semble immobile. La steppe arrive de l ‘Artique, plate et envahie de vents qui sifflent comme un hurlement de solitude. Blanche et glacĂ©e l’hiver, mer de boue au printemps, foisonnement d’herbes coupantes en Ă©tĂ©, la steppe dĂ©vale sans interruption du grand Nord jusqu’au fleuve. Chaque hiver, monte de la steppe la horde sauvage, la horde des Barbares. Au dĂ©but, c’est comme un point noir sur la neige blanche, qui grossit, grossit lentement. Ils viennent du Nord, au petit galop, et s’arrĂȘtent brutalement sur la rive du fleuve. LĂ , silencieux, ils demeurent plusieurs heures, regardent au pied de la đ» le village blanc.

Des bouffĂ©es de vent transportent, au-delĂ du fleuve, l’odeur musquĂ©e des fourrures sauvages dont la horde se pare. AprĂšs ce silence, les Barbares poussent un long hurlement. Les đ se cabrent et les villageois, peu Ă peu, hĂ©sitants, sortent de leurs đĄ. Contre le fleuve, figĂ©s, ils observent ces hommes venus de loin. La horde passe plusieurs jours sur la rive. Jette des objets Ă©tranges dans le fleuve aprĂšs de longues cĂ©rĂ©monies. Puis, un matin, ils ont disparu, ne laissant que la neige souillĂ©e de sang et de charbon de bois. Leur dĂ©part lĂšve une inquiĂ©tude. Chaque hiver, la horde revient, les cĂ©rĂ©monies reprennent, puis les cavaliers disparaissent et les temps changent. Les saisons sont plus contrastĂ©es, sans vĂ©ritable transition. Printemps et automne s’Ă©vanouissent. Les Ă©tĂ©s sont torrides, et les hivers de plus en plus glacĂ©s. » Hughes de Montalembert (Ă perte de vue)
Un tableau đŒ original
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