»-. L’avion avait à peine atterri que Mado ralluma son portable, il y avait un texto de Bénédict. -. Je dois me rendre d’urgence à Rome, on m’a réservé une chambre à l’hôtel Bramante, à deux pas de la place Saint-Pierre. Je laisserai votre nom à la réception, si par miracle… Je vous embrasse -. C’était un homme merveilleux, beau, distingué, savant. Sincère aussi. Elle était attirée par lui plus qu’elle ne l’avait jamais été par aucun homme. Dix ans plus tôt, elle avait réussi sa transformation. Cheveux lisses, quinze kilos de moins et sport quotidien, on la regardait dans la rue avec attention, ou avec envie, certaines fois avec admiration. -. Belle à damner les saints !-. Elle était belle et le savait, mais elle restait à leurs yeux une »négresse ». De loin, on l’aimait bien, autour d’une table, elle apportait une touche d’exotisme, une caution. La preuve que son entourage était large d’esprit. Mais cela ne changeait rien. Elle ne serait jamais des leurs.

Sa différence était affichée. À Rome, ou à Venise, Bénédict se sentirait peut-être à même d’affronter les regards en s’exhibant à ses côtés. De là à former un couple pour longtemps, il une différence. Sa différence. Au Bramante, le concierge semblait mal a l’aise. -. Le professeur n’est pas encore de retour -. Son nom avait bien été déposé, mais les instructions étaient peu claires. Il s’excusa, et lui demanda d’attendre au bar. -. Il m’a prise pour une prostituée…-. Elle s’installa dans la petite bibliothèque, adjacente au bar, et patienta. Elle avait l’habitude des vexations. Vers minuit, elle s’endormit dans le fauteuil… » Metin Arditi (Carnaval noir)
Ce texte est joliment bien écrit 🙂
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Beau portrait pour illustrer ce texte
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