Écrits du Sahara

 »-. Dérive lente et silencieuse, souverain de la démesure, le Sahara porte la plus grande solitude du monde. Des milliers de kilomètres abandonnés à leur sort, et au vent qui balaie presque quotidiennement l’écorce de ce monde assoiffé. Et pourtant, l’ironie des géographies cousues de frontières a réuni les contraires dans le même chapeau de l’Afrique. Un désert comme un vieux navire amarré aux déserts bleus des océans et des mers. De l’Atlantique à la vallée du Nil, le Sahara rencontre les Saharas. Métamorphose des horizons qui se jouent de la verticalité, Tassili d’altitude, dunes géantes, rumeur des noms qui habitent nos imaginaires, Hoggar, Ténéré, Agadès, Ennedi… Et ces moments minuscules qui remplissent les heures libres, le chaud, le froid, le thé sur les braises, le pas indolent des 🐫.

Ils sont écrits, page de droite, dans une transcription touareg, et, page de gauche, en français. Plusieurs de ces poèmes, dans mon souvenir, sont franchement érotiques, il y est question du chant des femmes dans l’amour, de la douceur d’un sein dont le parfum rappelle celui des 🌺. Il m’est resté que c’étaient des poèmes relevés par le père Charles de Foucauld, l’un commençait par cette musique – chedeber ent am ra-. Je sais où j’avais recopié ces textes, ils sont dans les pages du Yi King que j’avais au Sahara. Je tire au minimum une fois par jour l’oracle chinois. Je suis assis dans cette chambre de l’Ermitage du père de Foucault. Dehors, le froid silencieux du désert… Cet ouvrage à la couverture jaune, je l’ai perdu, voilà vingt-huit ans, sur une plage d’Algérie. » Jean-Michel Asselin (L’esprit voyage)