»-. Cher oncle Edwin, chĂšre tante Gertrude, quand vous recevrez cette lettre, je serai loin. J’Ă©pouse ce matin un monsieur qui m’est trĂšs cher. Je sais que j’agis mal en me sauvant ainsi, mais j’ai eu peur que vous ne vous opposiez Ă mon đ. Mon fiancĂ© est trĂšs rĂ©servĂ©. Puis-je vous demander de bien vouloir envoyer ma malle Ă la consigne de Victoria Station ? Votre niĂšce, affectueusement attentionnĂ©e, Eleanor -.

-. Jamais je ne lui pardonnerai, elle ne souillera plus jamais le seuil de ma porte. Gertrude, je vous dĂ©fends de prononcer le nom d’Eleanor devant moi-. N’ĂȘtes-vous pas bien dur ? Pourquoi Miss Porchester ne se marierait-elle pas ?-. Ă son Ăąge, c’est ridicule, nous allons ĂȘtre la risĂ©e de tous, elle a cinquante et un ans. Nous l’avons soignĂ©e comme la prunelle de nos đïžâđšïž. Elle est restĂ©e vieille fille pendant des annĂ©es. Je trouve cette brusque envie de se marier indĂ©cente. Et cet individu qu’elle Ă©pouse, qui est-ce ? Elle ne nous dit mĂȘme pas son nom, je crains le pire-. Ne m’avez-vous pas dit que Miss Porchester avait une fortune personnelle ?-. Une bagatelle, trois mille livres. Et s’il ne l’Ă©pousait pas ? Je mourrais de honte-. Ne vous inquiĂ©tez pas, il l’Ă©pousera sĂ»rement, il n’y manque jamais -. A prĂ©sent, j’Ă©tais fixĂ©, Mortimer Ellis avait satisfait son ambition. Miss Porchester complĂ©tait sa douzaine de femmes. » Somerset Maugham (Amours singuliĂšres)
DrĂŽle d’histoire et beau tableau đŒ
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