»-. Argelouse est réellement une extrémité de la terre. Un de ces lieux au-delà desquels il est impossible d’avancer, ce qu’on appelle ici un quartier, c’est-à-dire dire un hameau. Quelques métairies, sans église ni mairie, ni cimetière, disséminées autour d’un champ de seigle, à dix kilomètres du bourg de Saint-Clair, auquel les relie une seule route défoncée. Ce chemin plein d’ornières et de trous se mue, au-delà d’ Argelouse, en sentiers sablonneux. Et, jusqu’à l’océan, il n’y a plus que quatre-vingt kilomètres de marécages, de lagunes, de pins grêles où, à la fin de l’hiver, les brebis ont la couleur de la cendre.

Les meilleures familles de Saint-Clair sont issues de ce quartier perdu. Vers le milieu du dix-neuvième siècle, alors que la résine et le bois commencèrent de s’ajouter aux maigres ressources qu’ils tiraient de leurs troupeaux, les grands-pères de ceux qui vivent aujourd’hui s’établirent à Saint-Clair. Et leurs logis d’Argelouse devinrent des métairies. Les poutres sculptées de l’auvent, parfois une cheminée en marbre, témoignent de leur dignité ancienne. Elles se tassent un peu plus chaque jour, et la grande aile fatiguée d’un leurs toits touche presque la terre. Deux de ces vieilles demeures sont pourtant encore des 🏡 de maîtres. Les Larroque et les Desqueyroux ont laissé leurs logis d’Argelouse tels qu’ils les reçurent des ascendants. Bernard Desqueyroux avait hérité de son père, à Argelouse, une 🏡 voisine de celle des Larroque. Songerait-il beaucoup plus à Thérèse Desqueyroux ? À vingt-six ans , Bernard Larroque, après quelques voyages, épouserait la fille la plus riche et la plus intelligente de la lande, peut-être pas la plus jolie… » François Mauriac (Thérèse Desqueyroux)
Joli texte et toile
J’aimeJ’aime
Joli tableau 🖼
J’aimeJ’aime