Viens chez moi, je séjourne au 🏰 de Tilby

 »-. Le lendemain, je partis pour Tilby. C’était un 🏰 du seizième siècle, au milieu d’un grand parc où erraient des biches. Par les fenêtres, on apercevait un paysage vallonné. À perte de vue, le pays semblait appartenir à la famille Bland. Les fermiers de Sir Adolphus devaient le trouver un propriétaire idéal, je n’ai jamais vu fermes plus coquettes. Les granges et les écuries étaient reluisantes. Et quelles porcheries modèles ! Les cabarets rappelaient les vieilles aquarelles anglaises, et les cottages qu’il avait bâtis alliaient le pittoresque au confort. La création de ce domaine avait dû coûter une fortune. Heureusement, les moyens des Bland leur permettaient cette fantaisie…

Le parc aux 🌲 gigantesques et le golf à neuf trous étaient soignés avec minutie. La perspective des jardins faisait l’orgueil du canton. La somptueuse demeure aux toits escarpés et aux fenêtres à meneaux avait été restaurée par le plus célèbre architecte d’Angleterre et meublée par lady Bland dans un style impeccable. -. Oh, c’est très simple, la vraie 🏡 de campagne anglaise…- Des gravures sportives anciennes décoraient la salle à manger, où des chaises chippendale étaient sans prix. Dans le salon, des portraits de Reynolds et de Gainsborough et des paysages d’Old Crome et de Richard Wilson. Même ma chambre, avec son lit à colonnes, contenait des aquarelles de Birket Foster. Le séjour à Tillby était un délice, mais – Muriel Bland eût été bouleversée de l’apprendre– l’effet visé était tout à fait manqué. Pas un instant on avait l’impression d’être dans une 🏡 anglaise. Il n’y avait ni l’affreux divan victorien qui a toujours été là et que personne n’a jamais osé enlever, ni les chaises en tapisserie, brodées par une vierge qu’oublièrent les épouseurs. Une belle demeure, certes. Mais sans âme ! » Somerset Maugham (Amours singulières)