»-. Certains jours par forte bise, le lac avait l’air brouillon, avec des 🌊 petites, désordonnées, très nerveuses. D’autres fois, lorsque la brume cachait les côtes françaises, il était gris et placide, sans la moindre ridule, et prenait des airs de grand fleuve majestueux. Il lui arrivait aussi de se métamorphoser à vue d’œil, passant très vite du gris-vert au glauque, puis au vert bouteille, et, de temps à autre, par endroits, à un bleu très sombre, presque noir. Surtout vers l’est, du côté de Saint- Gingolph. On avait alors le sentiment de se trouver face à un océan.

Le matin, avant même de préparer son café, elle sortait sur son balcon et observait le lac. Ces variations la renvoyait à son enfance et à son père valaisin. C’est à lui qu’elle devait son goût d’observer la nature. -. Dans les villes, s’il pleut, les gens prennent un ☔ et le tour est joué -. En 🗻, on épie chaque détail. On anticipe les vents ou la grêle. Quand on risque son troupeau, ou sa récolte, quelquefois même sa peau, prendre le temps, ce n’est pas du luxe. Ce matin -là, une brume épaisse rendait le lac grandiose. La compagnie du lac lui était bienfaisante. Elle le voyait toujours beau et tendre, même dans ses jours de fureur. Certains matins, l’envie lui prenait de le photographier. Un clic sur son portable, et l’image serait à elle pour toujours. Mais elle s’y refusait, par fidélité au souvenir… » Metin Arditi (Carnaval noir)
Belle histoire et beau portrait
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