Les malheurs de Bascouette

 ». Pourquoi l’appelle-t-on Bascouette, ce grand charbonnier au dos rond, à la figure aussi noire que le charbon lui-même, d’un noir graisseux dans lequel la crasse semble avoir la plus large part de responsabilité ? Il avait été surnommé ainsi dès sa naissance. Mais pour quelle cause ? Il n’y a que le malicieux parrain qui serait susceptible de nous donner quelques éclaircissements à ce sujet. Quoi qu’il en soit, il fut un petit Bascouette en maillot, continua de l’être en culotte courte, le demeura à l’école et toujours, si bien qu’on avait fini par oublier son nom véritable dans le pays, à force de dire Bascouette, ainsi, à tour de bras.

L’énumération de ses défauts serait si longue qu’on  est bien obligé d’y renoncer, pour s’en tenir aux principaux. Fainéant comme un coucou, ivrogne, curieux, notre homme passe sa vie à jalouser les uns, à flatter les autres, à critiquer tout le monde. -. Il a une 👅 de 🐍 et l’âme encore plus noire que le corps -. Son brave homme de père lui avait cependant laissé une belle boule à jouer, comme on dit dans le pays. Soit un petit fonds de commerce, quelques terres et pas mal d’💰, une petite fortune que Bascouette avait bue assez rapidement. Le matin, il n’a pas mot à dire, on le voit alors sur le pas de sa porte, cuvant le vin de la veille en se rongeant les ongles, ce qui explique qu’il n’a de rose que le tout petit bout de ses doigts. Mais le soir, une fois sa gueule de bois lavée, le gaillard retrouve toute sa virulence. Il s’est querellé avec tout le monde dans le pays, il a été rossé chaque fois qu’il s’est battu. Voilà Bascouette. Il est beau. N’est-ce pas ? » Germain Fallon (L’Ouche aux brebis)