»-. Des semaines se succédèrent sans que tombât une goutte d’eau. Bernard vivait dans la terreur de l’incendie. Et, de nouveau, »sentait » son ❤️. Cinq cents hectares avaient brûlé du côté de Louchats. -. Si le vent avait soufflé du Nord, mes pins de Balisac étaient perdus-. Thérèse attendait elle ne savait quoi de ce ciel inaltérable. Il ne pleuvrait plus jamais… Un jour, toute la forêt crépiterait alentour, et le bourg même ne serait pas épargné. Pourquoi les villages des Landes ne brûlent-ils jamais ? Elle trouvait injuste que les flammes choisissent toujours les pins, jamais les hommes. En famille, on discutait indéfiniment sur les causes du sinistre. Une cigarette jetée ? La malveillance ? Thérèse rêvait qu’une 🌃 elle se levait, sortait de la 🏡, gagnait la forêt la plus envahie de brandes, jetait sa cigarette jusqu’à ce qu’une immense fumée ternît le ciel de l’aube… Mais elle chassait cette pensée, ayant l’amour des pins dans le sang. Ce n’était pas aux 🌲 qu’allait sa haine.

La voici au moment de regarder en face l’acte qu’elle a commis. Quelle explication fournir ? C’était ce jour du grand incendie de Mano. Des hommes entraient dans la salle à manger où la famille déjeunait en hâte. Les uns assuraient que le 🔥 paraissait très éloigné de Saint-Clair. D’autres insistaient pour que sonnât le tocsin. Le parfum de la résine brûlante imprégnait ce jour solide, et le ☀️ était comme sali. Le tocsin ne sonne pas. Bernard rentre enfin. -. Pour une fois, tu as eu raison de ne pas t’agiter, c’est du côté de Mano que ça brûle… Est-ce que j’ai pris mes gouttes ?-. Et, sans attendre la réponse, de nouveau, il en fait tomber dans son verre. Elle s’est tue, par paresse, sans doute, par fatigue. Qu’espère-t-elle à cette minute ? -. Impossible que j’ai prémédité de me taire -. » François Mauriac (Thérèse Desqueyroux)
Beau tableau 🖼
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