Nous, les hommes…

 »-. Vous voulez dire que les conditions actuelles sont le résultat d’un plan des hommes ?-. Pour sûr. Et ça marche bien, vous ne trouvez pas ? Vous devriez être au courant, vous avez vécu dans l’ancien temps, si on peut appeler ça vivre. Un type comme vous, qu’est-ce qu’il pouvait bien espérer ? L’école, un métier. L’armée ou la marine, des risques dans une guerre inévitable, la mort. S’il s’en tirait, il fallait qu’il se trouve un travail, et qu’il passe quarante ou cinquante ans de sa vie à besogner sous les ordres d’un patron. Pardon, de deux patrons. Parce que, s’il voulait avoir une femme, il se mariait. Comment appelez-vous ça ? Se mettre la corde au cou, je crois. Merci, ce genre de choses a disparu.

-. Vous préférez vraiment cela ?-. Préférer ça ! Mais c’est ça que j’adore, qui ne le préférerait pas ! De nos jours, un homme peut pratiquement mener sa vie à sa façon. Inutile d’apprendre un métier, à moins de le désirer. Aucune vie d’esclavage, puisqu’il y a toujours une douzaine de femmes prêtes à vous offrir un permis pour procréer, avec tout ce qui l’accompagne. On peut choisir à sa guise, tout comme les femmes choisissaient jadis… Bien sûr, les filles ont tous les titres honorifiques et les emplois importants… et alors ? Elles font le gros du travail et supportent la majeure partie des responsabilités qui l’accompagnent. Les hommes restent chez eux. Et ne s’en font pas… » Robert Bloch (Matriarchie)