Dans le vent et la poussière de Patagonie

 »-. Aux confins des confins patagons, une nouvelle erre de trek fait doucement parler d’elle, El Chalten. Ce jeune village de pionniers, à l’écart de la ruta 40- ce ruban allait du néant au néant en passant par le néant -, est au pied d’une des régions les plus extraordinaires du globe, le parc Los Glaciares, surmonté par deux monstres de l’alpinisme, le Fitz Roy et le CerroTorre. Balade au bout du monde… D’abord, le vide. La steppe brune et la ligne de fuite des clôtures qui se perdent dans un horizon tourmenté par le vent. Soudain, au détour d’un mouvement de terrain, jaillit du désert, comme un geyser de granit, une aberration minérale, les crocs de la Patagonie, le Fitz Roy, ou plutôt le Cerro Chalten, en langue Tehueches. Ses flèches de granit pur devaient frapper l’imagination des aborigènes de Patagonie…

Tout comme la nôtre. À la limite nord du parc national Los Glaciares, presque au pied de ces monolithes gigantesques, le plus jeune village d’Argentine, El Chalten, résiste aux assauts du vent. Il fut édifié à la hâte, en 1986, par les Argentins soucieux de contrarier les ambitions territoralistes de leurs voisins chiliens. Même l’infini a ses limites, et celles de la Patagonie ne sont pas toujours facilement acceptées. Une poignée de pionniers exilés volontaires, dans cette immense vacuité, tente d’apprivoiser le vent. Aujourd’hui, ils sont quelques centaines, dans un village qui n’a pas de cimetière… Sacrée capitale argentine du trek, le Parc accueillait des dizaines de milliers de visiteurs à la dernière saison. Le richesse de la Patagonie, ce n’est ni le pétrole, ni la mer, mais bel et bien le tourisme, dont les possibilités sont infinies, comme tout ce qui se fait ici. -. Le vent, ici, c’est comme le tango à Buenos-Aires, ou la tour Eiffel à Paris, on ne peut pas les séparer– » Nathalie Cuche et Éric Bealet (Trek en liberté)