En un clin d’œil, de la démission… à la rémission #

Pour tout vous dire, me voilà bien découragée. Non point par le plaisir de PEINDRE, plaisir anonyme et personnel pour ne pas dire égoïste, que je pratique sans modération dans le secret de mon atelier. Non, me voilà découragée de montrer, d’exposer des œuvres atypiques qui ne copient et ne recopient rien, ne portent aucun message ni ne plaident pour aucun académisme, ne ressemblent surtout pas à des photographies en papier glacé. Bref, des toiles de barbouilleuse qui, à défaut de s’aligner sur l’air du temps, correspondent surtout –excusez-moi du peu- à mon imagination et ma créativité du jour.

Idem pour les créneaux hebdomadaires dévolus à notre atelier associatif. Est-ce bien raisonnable que moi-même, la reine de la barbouille, m’attèle à la tâche pour délivrer des conseils basés sur le bon sens et quelques techniques éprouvées ? Ces conseils -là, mes élèves, qui se contentent pour la plupart de copier les oeuvres des autres notamment via Pinterest, en ont-ils vraiment besoin ? Assortir les couleurs, soigner la perspective, créer un ciel bleu ou grisé,utiliser un 🔪, à quoi bon l’apprendre, quand le modèle est là, à portée de ✋ et presque de 🖌️. La créativité, même si elle s’appuie sur de solides bases, ne se décrète pas, ne s’apprend pas, ne se justifie pas. -. Tu as tout faux, ma pauvre Christine-, me dis-je à l’issue d’une exposition où mes pauvres 🖼️, incongrus, colorés, déjantés, ressemblaient à autant de petits 🦆 boiteux surnageant dans une mare d’académisme. -. Mais non, tu as raison de jouer les trouble-fêtes et nous démontrer que l’art n’est pas formaté-. Merci pour tes encouragements, mon pote artiste, c’est décidé, je persiste…-

Mon conseil. Le découragement, cela existe, sans doute même est-il inhérent à la qualité d’artiste, dont le propre est, ou devrait être, de douter de ses choix artistiques. De là à démissionner lâchement et se retirer de la communauté des peintres parce qu’on ne leur ressemble pas, il y a une large marge… que l’on pourrait qualifier de rémission avant démission. Post-scriptum. A ceux qui pensent que ma vision artistique n’est guère choquante et se doit d’être encouragée en l’état, je précise que j’habite et expose (ci-joint les six œuvres présentées pour l’événementiel en question, dont j’étais également l’organisatrice) en territoire rural. Nous voilà bien loin des galeries d’art parisiennes…