»-. Les Ă©changes de correspondance avec les Indes se faisaient par une route que l’on disait de terre, bien que le courrier, aprĂšs avoir traversĂ© l’OcĂ©an Indien et avoir Ă©tĂ© acheminĂ© de Suez Ă Port-SaĂŻd Ă dos de đ«, dĂ»t reprendre le â” pour Marseille et encore une fois sur la cĂŽte nord de la France, pour atteindre l’Angleterre. Le procĂ©dĂ© Ă©tait long, certes, mais les deux correspondants rĂ©solus Ă se tenir au courant, mutuellement, des petits faits de leur existence, pouvaient y parvenir en s’Ă©crivant avec rĂ©gularitĂ©, chaque semaine. –Non, mon mariage n’est pas un Ă©chec-, se rĂ©pĂ©tait inlassablement Diana chaque fois qu’elle scellait une missive.

Diana attachait beaucoup de soin Ă mettre en valeur non seulement les lettres reçues d’Everard, mais Ă©galement les đ qu’il leur faisait parvenir. Un collier en pierres de đ pour Belle, une sĂ©rie d’animaux en bois sculptĂ©s, beaucoup trop jolis pour ĂȘtre laissĂ©s aux â de Melville auxquels ils Ă©taient destinĂ©s, un chĂąle en soie pour elle-mĂȘme. Et, pour la đĄ, un tapis tout simplement exquis, qui avait motivĂ© une invitation gĂ©nĂ©rale. Aux Ă©trangers, avec lesquels on ne parlait jamais đ°, elle disait qu’Everard avait Ă©tĂ© promu. Tandis qu’avec sa mĂšre et avec sa sĆur Caroline, elle pouvait commenter l’augmentation de son salaire et, par consĂ©quent, de sa pension. Elle ne se rendait pas parfaitement compte de l’acharnement qu’elle mettait Ă dĂ©montrer Ă tous que son mariage, loin d’ĂȘtre rompu, se prolongeait dans une atmosphĂšre de bonheur paisible. Ă mesure que le temps s’Ă©coulait, Everard avait pris une forme d’une entitĂ© bien Ă©tablie, -. Mon mari qui est aux Indes…-ou, comme disait Caroline -. Notre pĂšre qui ĂȘtes aux cieux..-, en faisant observer, avec son irrĂ©vĂ©rence habituelle, que le tempĂ©rament de vieille fille de Diana s’Ă©panouissait splendidement Ă l’ombre de l’Ă©poux đ». » Norah Lofts (La porte hantĂ©e)
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