»-. Vers le milieu de cette nuit-là, sur la passerelle du ⛵ l’Athos, j’allai examiner la carte. -. Aux Écoles, vous apprend-on encore à tracer la route ?-, me demanda Durufle. Hélas, pauvre Durufle ! Hélas, pauvre marine ! Naturellement, depuis le début de la guerre, on ne nous apprenait plus rien. Par tradition, les instructeurs avaient essayé une demi-heure au début des cours. Puis ils étaient passés à l’essentiel de notre futur métier, le tir aux armes automatiques, le pointage du mortier, la lecture des cartes au cinquante -millième, l’art de l’embuscade de 🌃, la règle des convois sur la route, l’appel aux avions ou à l’artillerie, les premiers soins aux blessés, les mines, la façon d’envoyer des voltigeurs à l’avant d’une patrouille. Pourtant, la route qui était indiquée sur la carte était belle.

Elle était écrite -plotée, comme ils disent- sur un écran de rhodoïd translucide faiblement éclairé par derrière. Des coups de ✏️ bleu, ou d’une sorte de craie irisée qui prenait bien la lumière, la barraient ça et là. Suivant la côte de Barbarie, le trait longeait l’Algérie, le Rif, puis les rivages du préside, traversant des zones de petits chiffres qui étaient autant d’approximations des fonds. Je lus, machinalement, la chaîne des beaux noms soulignés sur la route, Cap des cigales, Observatoire -de-Lamoricière, Îles de l’Ouest, Cap Milonia, Penon de Veles, Cap de l’ Agha, îles Zaffarines, Lazaret -de-Chella. -. Commandant, nous approchons les eaux du Rif-. Éteignez les 🔥. Au cas où vous ne le sauriez pas, j’ai charge d’âmes. Un obus est vite parti, de la côte -. Justement, une 🌃 comme celle-là, on devrait prendre sa chance, ralentir sa route, mettre tous 🔥 dehors-. Les Rifains nous allumeraient-. Ils nous rateraient… Il y a si longtemps que nous cherchons l’incident pour pouvoir intervenir au Rif-. Ces choses-là marchaient au temps des canonnières. Maintenant, il y a l’opinion, la presse, les bonnes consciences…- » Philippe Doumenc Les Comptoirs du Sud)
💛
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Beau tableau 🖼 pour illustrer cette histoire
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