La mort de Pipette

 »-. Pipette tenta d’immobilier le tremblement de ses ✋ et se demanda si l’on pouvait arriver à s’étrangler soi-même… Ce ne devait pas être possible. Il toussa, son 🖤 avait eu un raté, une inattention, comme lui autrefois, lorsqu’il tuait les 🐑, sur les docks, et qu’il en laissait passer un. Une deuxième fois, il sentit dans sa poitrine cette paresse soudaine. De sa ✋ libre, il cramponna un bloc encastré dans les autres, referma les doigts en étau et resta quelques secondes immobile. C’était le dernier essai, il n’y en aurait pas d’autre, il fallait en finir. Ses muscles se tendirent, ses veines gonflèrent en 🐍, il mit toute sa vie dans son poignet et tira. Depuis les culottes courtes, depuis les ruelles blanches de Sainte-Marthe, il avait toujours été le plus fort, il avait connu les grandes bastonnades avec ceux de Saint-Barthelemy, du Merlan ou de Bon-Secours, et il avait toujours gagné.

Lorsque son bras retomba, Rosalie et Rosie arrivèrent en caraco d’autrefois, elles portaient dans leur 🧺 du vin froid qui sentait la mûre et la pinède, des pommes d’amour, de l’huile d’or et des poivrons verts, ceux qu’on mange en 🥗 avec le sel et la 🌿 de basilic. Leurs bras étaient nus et leurs cheveux défaits, elles riaient ensemble et Pipette était soulagé. Car il avait craint un moment qu’elles ne se disputent, ce qui arrive souvent dans les histoires d’amour quand vient l’heure des rivalités... Quand les déblayeurs découvrirent son corps, aucun d’entre eux ne put supposer qu’il ait pu résister une seule seconde à la masse monstrueuse qui l’ecrasait aux trois quarts. Pipette fut déposé dans la chapelle ardente qui fut élevée le surlendemain. Il y eut un peu plus de deux mille morts. Deux cent cinquante 🛩️ avaient largué plus de mille bombes au milieu de la ville. » Patrick Cauvin (Rue des Bons-Enfants)