»-. Le đ de sa sĆur Ă©tait bel et bien brisĂ©. Celui de Diana ne l’Ă©tait pas. Elle savourait tous les avantages d’une situation matrimoniale sans en subir les inconvĂ©nients. Elle s’appelait Mrs Spicer, mĂšre de deux enfants adorables, percevant une pension confortable. En bonne place, au milieu de son dĂ©licieux salon, les visiteurs pouvaient admirer une photo d’Everard dans son cadre d’argent, qui le reprĂ©sentait en pied auprĂšs d’un đŻ Ă©norme qu’il venait d’abattre. Dans le cas extrĂȘme oĂč on ne l’aurait pas remarquĂ©, elle attirait l’attention de chacun sur cette reprĂ©sentation de son mari. Son attitude n’avait rien d’artificiel, l’Ă©loignement aidant, Everard se parait progressivement de toutes les qualitĂ©s.

Il Ă©crivait avec rĂ©gularitĂ©, envoyait des đ et, fidĂšle Ă son habitude, Diana rĂ©ussissait Ă faire abstraction du non moins progressif raccourcissement d’un courrier qui s’acheminait rĂ©solument vers le genre . -. J’espĂšre que tout va bien…- De temps Ă autre, il faisait Ă©tat d’une santĂ© dĂ©faillante qu’elle mettait un zĂšle incroyable Ă faire partager par ceux qui lui rendaient visite. DĂ©cidĂ©ment, son mariage Ă elle n’Ă©tait pas brisĂ© !…/… Elle Ă©tait passĂ©e au veuvage avec tant d’aisance que le respect des conversations avait exigĂ© d’elle une dĂ©monstration de chagrin forcĂ©, en guise de tribut Ă quelque sentiment de culpabilitĂ© mal dĂ©fini. Elle avait poussĂ© l’amour du dĂ©tail jusqu’Ă changer le cadre en argent de la photo qui le reprĂ©sentait triomphant Ă cĂŽtĂ© de sa dĂ©pouille de đŻ contre un cadre en velours noir. Le seul aspect de son veuvage sur lequel elle gardait une absolue discrĂ©tion Ă©tait le cĂŽtĂ© financier. » Norah Lofts (La porte hantĂ©e)
TrĂšs sympa ce tableau đ
JâaimeJâaime